ISAAC MAMOU (  dit Gagou, dit Nono )        

 

Traduction d’un article paru dans l’un des 3 grands quotidiens Israéliens

 le 31 mai 1960

 au sujet d’Isaac Mamou

 ( mon grand père ).

Il est arrivé au premier congrès

C’est tout à fait par hasard qu'a été découvert le passé intéressant de ce vieil Yérushalmi  ( habitant de Jérusalem ) Monsieur Isaac Mamou.
Quand le professeur  Joseph Klausner était encore parmi nous, nous avions l’habitude de dire qu’il est le dernier participant encore en vie du premier congrès d'Herzl. Quand il mourut, dans l’une de ses éloges funèbres il fut dit que le dernier participant nous avait quitter pour toujours. ( en hébreux : est parti pour un monde meilleur )
Ce n'était pas tout à fait exacte, car des gens de diverses conditions de la génération d’ Herzl sont toujours parmi nous. La plupart modestes et discrets n'essayent pas de se glorifier de leur passé ,même ceux qui étaient rentrés en politique et sont arrivés à de hautes fonctions. C'est la raison pour laquelle ils ont été un peu oubliés par le public. Ce qu'ils ont été amené à faire ils l'ont fait pour leur peuple et leur patrie et non pas par soif d'orgueil de puissance ou d'argent, mais pour se joindre à l'appel de Herzl , pour une mission d'abnégation et de sacrifice: jusqu'à la création de l'état d'Israël et du réveil de la nation juive..
L’un de ces derniers survivants du premier congres sioniste  a été découvert à Jérusalem par hasard. Si le Grand Rabbinat n’avait décidé de commémorer le centenaire de la naissance d'Herzl né le 2 Mai 1860 à Budapest , dans toutes les synagogues du pays, nous ne l’aurions jamais connu. Je doute qu'on l'aurait découvert car comme ceux cités précédemment il ne s'était jamais vanté d'avoir été un sioniste de la première heure et ainsi d'avoir pu connaître Herzl visionnaire et créateur de l'état juif.
 

Le sioniste de Tunis.

Son nom ISAAC MAMOU, octogénaire d'origine Tunisienne. En effet même de Tunisie et pas seulement d'Europe Orientale agonisante l'appel de Herzl a été entendu. Quand la jeunesse de Tunis a entendu l’appel sioniste de Herzl, beaucoup parmi eux se sont mobilisés pour émigrer et achever le rêve sioniste.
Depuis 1956, Mr ISAAC MAMOU habite Jérusalem et prie tous les samedis matins avec le Grand Rabbin Isaac NISSIM. Et quand le maître officiant a fait la prière « El Maleh Haramim » les yeux du vieux ISAAC MAMOU se sont remplis de larmes.
Ceux qui l’entouraient lui posèrent la question :
 "As-tu connu Herzl ? sais-tu quelque chose sur le 1er Congrès ioniste?".
"Est ce que je me souviens ? est ce que je sais  ?  répondit le vieil homme surpris... "J'y étais ! Bien sûr j’étais là au Congrès et j’ai eu le privilège énorme de connaître personnellement Théodore Herzl."
Et quand son émotion se calma Isaac Mamou raconta..
"J’avais dix sept ans alors , et le Rabbin de Tunis de l’époque Jacob BOCCARA dont j’étais le ecrétaire. C'était un érudit en thora , un juif généreux et dévoué à sa communauté. Dès qu'il avait entendu l’appel de Herzl à participer au Congrès sioniste de Bâle afin de trouver une solution pour en finir avec la dispersion du peuple juif.... il m’avait invité à participer avec lui aux travaux de ce congrès et au voyage. Au début mes parents s’y opposaient. Très peu parmi les juifs de Tunisie d'alors comprenaient ce qui se passait , et ils n'approuvaient pas qu'un jeune homme de 17 ans puisse partir dans cette Europe lointaine. Mais devant mon insistance et celle du rabbin , ils ont finalement cédé."
" Jusqu’à ce jour, et sans doute jusqu’à mon denier jour, je pense que je me rappellerai la noble silhouette de Herzl sur l’estrade du Congrès, nous expliquant l’importance de la reconstruction d’un Etat pour les Juifs en Israël.  Jusqu’à ce jour j'entends son discours sur la souffrance de nos frères dans la diaspora, sur les pogroms et l'antisémitisme et sur la solution unique préconisée : le retour du peuple juif dans la terre de ses aïeux et la reconstruction d'un état libre et indépendant."

Le sosie d’Herzl

Très ému, Mr Mamou tremblait en disant ces mots. Il s’est arrêté de parler et a sorti de sa poche une vieille photo prise quelques années après le Congrès historique. La ressemblance avec Herzl était plus que frappante, même regard, même barbe. Et c’est à ce moment là qu’il nous a dit qu’après sa participation au Congrès, il avait laissé pousser sa barbe par admiration pour le personnage de Herzl.
Le lendemain de cet événement ,le Président de l’état d'Israël BEN ZVI recevait à son domicile les bâtisseurs du mouvement sioniste encore en vie. Bien entendu personne n’avait pensé à inviter ISAAC MAMOU. C’est donc après que MEYER BENIHOU , fils du Grand Rabbin et secrétaire scientifique du président, ai raconté au Président ce qui s’est passé la veille lors de l’office chez son père, que celui ci a demandé qu’un émissaire soit envoyé au domicile d’ ISAAC MAMOU, rue Rambam , (à 5 minutes de la résidence présidentielle), afin qu’il soit invité à participer à cette réception.

 

Article paru dans L'INFORMATION D'ISRAEL le 19 Février 1967 page 3 à l'occasion de son décès

Ecrivain judéo-arabe connu, délégué de la Tunisie au premier Congrès sioniste de Bâle